Mini-guide illustré du lapin de compagnie

Comme je projetais de le faire à la fin de ma présentation de La Méthode Millan au sujet des chiens, voici quelques impératifs fondamentaux à respecter pour prendre soin d'un lapin de compagnie.

Malgré notre popularité, trop souvent on nous achète (ce qui, soit-dit en passant, est un acte par lui-même contestable) sans connaître nos besoins les plus primaires qui sont relativement exigeants, si bien que ma première recommandation sera que vous vous gardiez d'un coup de tête à notre égard : beaucoup d'entre-nous le paient d'une existence malheureuse et brève, tout simplement. 

Je regrette d'appeler à la circonspection quant au projet de nous faire entrer dans votre vie, mais songez qu'à l'état naturel, nous sommes des animaux qu'il est impossible d'approcher, déguerpissant dans nos terriers à la moindre alerte. Même nés dans un élevage, un grand nombre d'entre-nous conservent cet atavisme et demeureront défiants à l'égard de l'être humain quelque soin et affection témoignés.   

Aussi, si je ne vous reprocherai pas votre attendrissement à notre égard, ne nous percevez pas comme des peluches vivantes, vous ne pourriez qu'être déçu.

I – Jamais seul !


Dans la nature, les lapins vivent en effet en groupe avec tout ce que cela implique d’échanges divers, notamment d’affection. Gardez bien à l'esprit que vous ne pourrez jamais vous substituer à un compagnon de notre espèce. Au contraire du chien, porté à considérer son maître comme un congénère, le lapin fait toujours la différence entre qui l'est et qui ne l’est pas. En tant que gibier, cela est plus prudent !  

Même si vous pouvez développer une relation forte avec un lapin, sachez que nous pouvons tomber malade, voire mourir à cause de la solitude.  

Sur le plan pratique, il est préférable d'éviter de faire cohabiter deux femelles seules. Si vous appariez un mâle et une femelle, prévoyez de castrer l'un ou l'autre, car nous sommes enclin à proliférer. 

De plus, lorsqu'on met en contact deux lapins qui ne se connaissent pas, il faut s'attendre à des bagarres, parfois violentes, pour établir la primauté de l'un sur l'autre, les sociétés de lapins n'étant pas démocratiques. Votre surveillance est ainsi nécessaire tant que la situation n'est pas stabilisée.

II – Manipulation


Nous n’aimons pas être soulevés. Sans doute est-ce dû à la peur instinctive d'être saisi et emporté dans les airs par un aigle. Quoiqu'il en soit, si vous désirez nous soulever pour une raison ou pour une autre, ne nous prenez jamais par les oreilles : cela pourrait carrément nous briser la colonne vertébrale ! Nous avons en effet les os fragiles. N’agissez pas non plus par surprise. La façon la moins désagréable de nous tenir est de nous serrer contre vous en ne laissant aucune de nos pattes pendre dans le vide comme le montre la photo où le charmant lapin contraint de poser pour procéder à votre éducation est moins rassuré qu'il n'y paraît !

III – Menu du jour : foin.


Au chapitre alimentaire, bannissez de façon absolue les granulés ! Comme nous sommes des animaux herbivores, le foin contribuera à notre santé aussi bien en ce qui concerne notre estomac (proche de celui des ruminants comme les vaches) que nos dents. En effet, il faut savoir que ces dernières poussent sans cesse tout au long de notre vie. Ainsi, mastiquer du foin les useront naturellement alors que grignoter des granulés risquera d’entraîner des déviations douloureuses souvent mortelles.  

Compris ? Nourrissez-nous avec du foin, du foin et encore du foin, à foison, à libre-disposition !
  
Évitez toutefois le foin en petits sachets disponible dans les grandes surfaces comme il est sec. En fait, il sera même moins onéreux pour vous de nous achetez du foin frais que vous trouverez facilement sur internet. 

Mis en part le foin, nous raffolons des fruits et des légumes mais, contrairement à ce qui est bon à votre santé d'être humain, ne nous en donnez pas en trop grande quantité, nous les digérons moins bien. 

Un mot encore pour finir cette ode au foin : si vous changez notre alimentation, faites-le progressivement.

IV – Je suis un lapin libre ! 
(À surveiller tout de même)


Il va sans dire que, comme tout autre animal, nous n'apprécions pas la vie en cage. S'il vous plaît, laissez-nous promener librement chez vous le plus souvent possible même si votre surveillance sera certes indispensable.  

Sans appartenir à l'ordre des rongeurs comme on le croit souvent, nous possédons un certain goût du mâchouillage, du grattage et du trifouillage pour user nos dents et nos griffes – à surveiller de près aussi à propos. Prenez garde tout particulièrement aux fils électriques. Ne laissez pas non plus pendouiller des vêtements auxquels vous êtes attachés à hauteur de nos museaux ni laisser de livres précieux à portée de nos quenottes. Sachez encore que nous sommes capables d'accomplir des bonds de grande hauteur, ne nous laissez pas la possibilité de vous surprendre en la matière ! 

Une cage demeure ainsi nécessaire pour notre sécurité comme celle de vos biens. Prévoyez-là la plus grande possible, naturellement.

 V - Un dernier mot nécessaire sur la propreté


Nous sommes plutôt propres. Nous passons ainsi chaque jour beaucoup de temps à nous nettoyer. En matière de déjection, nous faisons tomber en permanence des petites boules – qui ne tachent pas. Notre corps produit aussi un autre type d' excrétions, de consistance molle, que vous nous verrez régurgiter : laissez-nous faire, car ces excrétions contiennent des éléments nécessaires au bon fonctionnement de notre estomac. Pour ce qui est des lieux où nous faisons nos besoins, les comportements diffèrent d'un lapin à un autre : certains se retiendront de faire tout besoin ailleurs que dans un espace dédié, d'autres pas. Enfin, quant à notre litière, n'utilisez ni papier journal, à cause de l'encre, ni paille ou litière minérale, à cause de la poussière, privilégiez la litière absorbante.

 * 
 
Les recommandations que je viens de faire ne sont que les plus essentielles. Ainsi, la dernière que je vous invite à suivre est la lecture d'un ouvrage consacré à notre sujet comme celui, solide et joliment illustré, de Christophe Bulliot, Un lapin à la maison, publié par Rustica (2006).

23 janvier 2011
(Crédit photo : J. Ange & A. Buehrle)

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