30 avril 2012
Mystifications
C’est une publicité dans la presse. Elle couvre une pleine page. Il s’agit d’une affirmation faite par un jeune et avenant couple passionné par son métier : l’élevage de porcs. Dos à un mur fraîchement repeint en blanc, Lydie et François adresse un sourire chaleureux au lecteur. Leur union de cœur et de mains est marquée dans leur vêtement de travail (propre et repassé). Elle est en chemise bleue et pantalon marron, lui en chemise marron et pantalon bleu, de mêmes bottes noires les chaussant. Personnellement, ils me font penser aux mannequins en salopette ou en tenue de chasseur des catalogues Manufrance dans les années 70… En tous les cas, au pied des bottes noires de ce couple à la mine sympathique se tient l’objet de leur dévouement : un porcelet des plus mignons à la peau rose et luisante – sorti pour l’occasion, selon toute vraisemblance, d’une stalle de « post-sevrage ». Il faudrait expliciter à l’intention d’un public ignorant ce que constitue le post-sevrage dans l'élevage industriel des porcs, mais ce n’est pas ce qui importe dans cette mise en scène. Ce qui l'est, c’est que Lydie et François, « en plus d’assurer des soins constants à leurs animaux, tiennent compte au quotidien des exigences environnementales. Ils sont fiers de garantir la santé… [ah non, je recopie mal] la sécurité des consommateurs en assurant une traçabilité totale. » Autrement dit n’ayez plus d’inquiétude devant votre côtelette sous cellophane, les tranches de salami sur votre pizza surgelée ou les morceaux de lard dans votre conserve de lentilles nécessaires à votre subsistance, tout sera sain. Ce jeune porc sur la photo a été et sera choyé autant que cela se peut pour que son engraissement se fasse au meilleur bénéfice de l’éleveur qui doit bien vivre et du consommateur qui doit vivre bien. Il est même un privilégié. Pour voir la lumière du jour, il n’aura pas eu à attendre le moment d’être transporté à l’abattoir après quelques mois d’une existence lamentable, inutile d’entrer dans les détails, non, puisque ces quelques mois sont toutes de négation derrière la pleine page d’une publicité d’un formidable déni.
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